Piégeage des frelons asiatiques,

Le piégeage des fondatrices de frelons asiatiques ne s’improvise pas, il doit être mené de manière réfléchie et responsable.

Le meilleur moyen de limiter le nombre de nids de frelons asiatiques sur un territoire passe inévitablement par la capture en début de saison des jeunes reines qui vont commencer à nidifier. Pour cela il est bon de connaitre leur mode de vie, d’alimentation, de déplacement.

C’est la chaleur qui fait sortir les premières fondatrices d’hibernation, tout comme les premiers papillons, les premiers lézards…Il n’est pas rare d’apercevoir fin février par une journée bien ensoleillée, un papillon, un lézard… pour autant cela demeure anecdotique et il pourra se passer plusieurs jours, voire des semaines avant d’en apercevoir à nouveau. L’objectif du piégeage des fondatrices de frelons asiatiques est bien d’en piéger le maximum, dans un laps de temps le plus court possible et de limiter aussi au maximum la prise d’insectes non cible. Le réveil des fondatrices va s’opérer au fil du temps, de la température, pour être total vers la fin mars, et là elles vont commencer à nidifier, se sédentariser. Il faut savoir que cet insecte est plutôt citadin, il lui faut un abri pour construire le nid primaire qui ne résiste pas à la pluie, au vent, et dans le voisinage une source de nourriture. L’alimentation des reines est à base de glucide (sucre), qu’elles trouvent dans les ruches en s’introduisant discrètement pour prélever du miel, ou tout simplement sur les fleurs en absorbant le nectar.

Le piégeage doit être mené dès lors que les fondatrices vont commencer à nidifier, c’est dire vers fin mars début avril en ce qui concerne notre région, notre département du Morbihan. Le piégeage commencé plus tôt n’est pas bon, il est dévastateur pour les insectes non cible. Bien entendu il peut être capturé ici et là une ou deux fondatrices par une belle journée chaude et ensoleillée et puis plus rien pendant des jours, des semaines…sauf de nombreux autres insectes. Les pièges mis trop tôt voient leur appât se dégrader, et finissent par devenir plus répulsif qu’attractif pour le frelon et un véritable mouroir pour de nombreux autres insectes.

L’idéal donc est d’attendre que les fondatrices commencent à nidifier avec en plus une température élevée, si la température demeure basse, en dessous de 15°, il faut attendre le retour de l’anticyclone et que la température monte sérieusement en pleine journée. Plus la température est élevée, plus les captures de fondatrices sont importantes.

Le piégeage doit être limité dans le temps, il est basé sur le déplacement des jeunes reines. En début de saison elles se trouvent être seules pour construire le nid, s’alimenter, pondre, chauffer leurs œufs et larves. La naissance des premières ouvrières de frelon a lieu environ un mois après le début de la ponte, une dizaine de jours après la naissance de celles-ci la reine ne quittera plus le nid, il ne sera plus possible de la capturer. Pendant une période d’environ six semaines les reines sont donc vulnérables, mais à des niveaux différents. En effet si pendant cette période la météo devient maussade : pluie, vent fraicheur… les fondatrices quitteront très peu le nid et en plus pour un laps de temps très court, par contre à l’inverse lorsqu’il fait chaud elles sortent souvent et mettent du temps pour regagner le nid. Le piégeage idéal serait celui réalisé pendant le début de nidification et seulement pendant les journées chaudes, avec un appât de qualité et non dégradé au fil du temps dans un lieu approprié.

Les lieux de piégeage doivent être en lien avec les lieux d’alimentation des fondatrices, là où tout naturellement elles vont se rendre. Pour l’apiculteur un piège suspendu entre deux ruches est idéal. Les pièges aussi placé sur certains végétaux en fleur à cette période de l’année peuvent s’avérer plus ou moins performant. Un moyen pour déterminer l’attractivité de l’arbre ou arbuste en fleur consiste à regarder si il est visité par de nombreux insectes à la recherche de nectar, plus il y a de monde dessus plus il sera attractif aussi pour les fondatrices à la recherche de glucide, pour exemple les cotonéasters horizontalis en fleurs courant avril sont très performant.

Conclusion : On piège sur une période courte dès que la chaleur le permet, mais pas avant fin mars début avril, dans les lieux appropriés et vers la mi- mai on peut retirer les pièges. Si l’opération est bien menée sur le territoire qui vous entoure il y aura beaucoup moins de nids secondaires.

Gilles Lanio