le rucher en hiver, suivi des colonies
Pour beaucoup d’apiculteurs, d’apicultrices l’hiver est synonyme de repos, pour autant il ne faut pas s’endormir et attendre les beaux jours pour faire le point. En effet nos abeilles n’hibernent pas mais hivernent et la différence entre ces deux états est très importante. Le fait d’hiverner se traduit par une activité adaptée aux conditions météorologiques entre autre, et qui dit activité dit consommation…
En hiver le réchauffement climatique se fait sentir de plus en plus, il y a quelques décennies il n’était pas rare d’avoir des semaines de froid avec des températures ne dépassant pas cinq degrés au meilleur moment de la journée et pas une abeille ne pointait son nez à l’extérieur de la ruche, sauf que ce n’est plus le cas aujourd’hui, il faut en tenir compte. Avec un froid intense les abeilles consomment très peu, par contre lorsqu’il fait plus doux et qu’elles sortent régulièrement de la ruche la consommation de miel augmente sérieusement et fait fondre rapidement les réserves.
Etat des lieux.
Petit retour en arrière, nous avons eu cette année une saison apicole complexe, due avant tout à des conditions météorologiques souvent défavorables et cela s’est traduit par une récolte de miel plutôt faible. Fin août, après le retrait des hausses, bon nombre de colonies avaient des provisions n’excédant pas quelques kilogrammes, alors que pour une bonne colonie il faut au minimum quinze kilogrammes pour affronter l’hivernage. En septembre octobre la miellée sur le lierre a été forte faisant augmenter de manière très significative les provisions dans les ruches.
Avantage et inconvénient du lierre.
Toute miellée agit sur le comportement de la colonie pour ce qu’il est de celle du lierre le point positif est qu’elle dope la colonie de manière importante juste avant la rentrée en hivernage. La miellée du lierre commence timidement début septembre, monte en puissance fin septembre et dure un bon mois. Dans la colonie cela se traduit par une augmentation importante du couvain d’ouvrière et même de mâle bien souvent. Cette dynamique de ponte de la reine apportera une population plus importante d’abeilles dites « d’hiver », ce qui est très positif pour le devenir de la colonie. Autre point positif, les rentrées de pollen de lierre sont importantes ce qui est bénéfique pour les essaims faits en août et l’arrivée en quantité de nectar contribue à la construction de nouveaux cadres.
Les abeilles, c’est connu, ont un instinct d’amassage qui peut parfois perturber le fonctionnement de la colonie, comme le blocage de ponte. Une miellée de lierre importante peut devenir vite problématique dès lors qu’elle représente une part importante des réserves pour l’hivernage. Le miel de lierre à la particularité de figer très rapidement, il n’est pas rare d’observer sur les fleurs de lierre des cristaux brillants lorsque le temps est très sec, par contre dès qu’il y a un peu d’humidité ces cristaux sont dissous et le nectar est visible à l’œil nu sous la forme de gouttelettes amenant la ruée de nombreux insectes avides de glucides. Tous les miels cristallisent plus ou moins rapidement à quelques exceptions près comme l’acacia qui reste liquide. Les abeilles pour consommer le miel stocké doivent le défiger, elles le font avec la chaleur que dégage la grappe d’abeille, mais cette chaleur est très limitée et reste en dessous de quarante degrés alors que pour défiger le miel de lierre, il faut aller bien au-delà de cinquante degrés, point de température que les abeilles ne peuvent pas atteindre. Chacun aura compris que le miel de lierre dès lors, peut devenir un problème pour les abeilles, de fausses bonnes provisions. Elles ne peuvent consommer que la partie superficielle qui se trouve dissoute avec l’humidité et c’est bien peu. Cette année dans beaucoup de ruches le gros des provisions est du miel de lierre, difficilement consommable par les abeilles.
Il est important pour l’apiculteur de veiller à ce que les abeilles disposent de réserves facilement consommables.
Dans de nombreuses ruches, en ce début décembre les abeilles sont déjà en grappe au niveau des tasseaux du haut des cadres, elles ne pourront pas aller plus haut ; elles sont à consommer les dernières et rares réserves de miel d’été.
Dans l’organisation de la ruche les abeilles stockent de haut en bas, le miel rentré plus tôt se trouvant dans la partie haute, le miel de lierre lui se trouvera le plus souvent dans la partie basse ou sur les cadres de rive. Il faut savoir que le miel de lierre se conserve très mal, lors de la visite de printemps il n’est pas rare de trouver des cadres de miel de lierre qui commencent à fermenter, ils gonflent et suintent. Une expérience pour voir l’appétence des abeilles à l’égard du miel de lierre consiste au printemps à sortir un cadre de ce miel sur une ruche exempt de maladie et le mettre au pillage, en règle général les abeilles le boudent, mais se ruent dessus si il est humidifié et l’abandonnent rapidement dès lors qu’il redevient sec.
Les ruches disposant cette année de provisions pour beaucoup d’entre elles avec une forte proportion de miel de lierre, il est important de vérifier l’état des réserves. Si les abeilles sont déjà sur le haut des cadres il est urgent de réagir, un apport de nourriture est souhaitable. Il est possible de donner du sirop du commerce, il suffit lors du remplissage du nourrisseur de faire couler quelques gouttes sur les abeilles pour les amorcer. En moins de quarante huit heures si votre ruche a un défaut de provision elle aura redescendu le sirop qui sera disposé autour de la grappe.
Donner du sirop en hiver ?
Il n’y a pas de risque à donner du sirop même en hiver, si l’on fournit du sirop du commerce. Lors du congrès Apimondia à Montréal en octobre 2019, j’ai pu échanger avec des apiculteurs canadiens qui font hiverner leurs ruches dans des caveaux où la température est maintenue à quatre degrés pendant plusieurs mois. Avant de rentrer les ruches pour l’hiver début octobre ils retirent tout le miel du corps et donne vingt kilogrammes de sirop par colonie. Depuis qu’ils pratiquent de la sorte, ils n’ont pratiquement plus de pertes. Petite explication, au Canada les abeilles trouvent en fin septembre des quantités de nectar surtout sur la verge d’or, mais elles n’ont pas le temps d’amener ce nectar à maturité qui reste très chargé en eau et entraine des complications pour l’hivernage. Les apiculteurs en Suisse rencontrent le même problème avec les couverts végétaux qui fleurissent en automne.
Il ne faut surtout pas, par économie ou tout autre raison, rajouter de l’eau dans le sirop du commerce et encore moins le faire soit même avec du sucre et de l’eau, ce serait courir à la perte de la colonie. Choisissez une journée ensoleillée, sans vent de préférence avec une température voisine de dix degrés pour nourrir vos colonies si besoin est, repasser deux jours après pour voir le résultat. De toute façon, si vos colonies ont ce qu’il faut, elles ne prendront pas votre sirop. Il est important de vérifier que le sirop puisse s’écouler normalement car, suivant le type de nourrisseur, il n’est pas rare de constater que de la propolis l’en empêche.
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